Ce très bel ensemble de bâtiments est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 2 mai 1994.
Il existait déjà une « villa des Arts » ou « villa des artistes » dans ce secteur, certainement depuis 1850. On en retrouve la trace formelle dans les calepins du cadastre de 1881 au n°15 de l’impasse Hélène.
En 1888, messieurs Desmichel et Guéret devenus propriétaires de cet îlot, décident de le viabiliser et de le lotir. Ils font une demande d’ouverture de rue afin de prolonger l’impasse Hélène et de rejoindre la rue Ganneron. Cette nouvelle voie va s’appeler dans un premier temps « rue de la Villa des Beaux Arts » puis en 1890 « rue Hégésippe Moreau ». L’impasse Hélène fait alors place à la rue Hégesippe Moreau et à l’impasse Pierre Ginier.
En 1888, monsieur Guéret dépose une demande de permis de construire pour une opération immobilière qui durera deux ans. Elle va entièrement restructurer la parcelle et transformer l’ensemble préexistant.
L’architecte Henri Cambon se voit confier la construction d’immeubles neufs et la reconstruction des ateliers.
Trois corps de bâtiment s’articulant autour d’une cour sont prévus. Le charme tient en grande partie à l’imbrication complexe des bâtiments due aux caractéristiques du terrain.
Est ce par souci d’économie mais des éléments de récupération souvent provenant de l’exposition universelle de 1889 furent utilisés telle la charpente métallique avec de magnifiques arcs boutants de style Eiffel ?
La famille Guéret resta propriétaire de la Villa des Arts jusqu’en 2005. Elle fut alors rachetée par la Ville de Paris qui y maintient les ateliers d’artistes.
Une cascade de baies
On pénètre dans la Villa par une lourde grille métallique arborant l’inscription « Villa des Arts ».
A l’intérieur 6 000 m2 de labyrinthe où se mêlent ateliers d’artistes et logements sociaux.
En face de l’entrée, on trouve une rangée de maisonnettes à deux niveaux puis le bâtiment « G » sur la porte duquel on peut lire « Entrée des artistes » et qui est doté d’un étonnant escalier à double révolution (provenant aussi d’une récupération).
A gauche, plein nord, se découvrent, sur trois niveaux de beaux ateliers aux grandes verrières.
La façade de la rue Ganneron présente une cascade de baies permettant ainsi d’offrir une meilleure lumière dans les ateliers.
Ces ateliers ont accueilli de nombreux artistes représentant tous les mouvements artistiques des XIXe et XXe siècle, parmi lesquels on peut citer Bonnat, Eugène Carrière, Benjamin Constant, Léon Lhermitte, Signac (de 1892 à 1899) Cézanne (de 1899 à 1901) c’est là qu’il réalisa le portrait du marchand d’art Ambroise Vollard qui nécessita 115 séances de pose…. Picabia reprit son atelier, Dufy, Lucien Mathelin et bien d’autres…
Et plus proche de nous Nicolas Schöffer (1912-1992) sculpteur et plasticien, artiste de référence dans l’art optique et cinétique.
La Villa servit de décor à plusieurs films dont « les Clowns » de Fédérico Fellini, « Trois hommes à abattre » avec Alain Delon, « Quartet » avec Isabelle Adjani. Et un téléfilm dont l’héroïne était Simone Signoret.
Au n°5, la galerie « Villa des Arts » présente régulièrement des expositions.
Des visites des lieux sont organisées en principe un dimanche par mois. (renseignement sur le site de l’association Ville A des Arts)
Adresses :
15-15bis, rue Hégésippe Moreau
37, rue Ganneron
Références :
Dossier documentaire de la DRAC Ile de France.
Delorme (Jean Claude) et Dubois (Anne Marie) Ateliers d’artistes à Paris, Paris, Parigramme, 2015
Site de l’Association « Ville A des Arts »