Quand Picasso fréquentait Montmartre…

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Remerciements au Musée Picasso-Paris

 

Durant sept ans, de 1904 à 1911, Pablo Picasso s’installe à Montmartre. Une période très féconde pour ce peintre le plus prolifique du XXe siècle. Il y vivra sa Période Bleue et sa Période Rose et il jettera, avec Georges Braque, les bases de ce qui deviendra le cubisme. Avant de se fixer à Montparnasse laissant sur la Butte sa vie de bohème…

 

 

Pablo Picasso arrive pour la première fois à Paris en 1900. II représente l’Espagne à l’Exposition Universelle de Paris avec son tableau « Derniers moments ». Pas si artiste maudit que le voudrait la légende, le jeune Pablo… Celui qui va devenir le peintre le plus prolifique du XXe siècle n’a que 19 ans. Il dessine depuis son plus jeune âge. Il a quitté Malaga, sa ville natale, pour Barcelone où il se lie avec des artistes. Mais il est attiré par la Ville lumière car il sait qu’il pourra réussir à s’y faire connaître. Certains de ses amis, comme Carlos Casagemas, peintre comme lui, qui exposait dans le café-brasserie Quatre Gats, ont déjà leurs habitudes à Paris. Pendant quelques années, Picasso fera de fréquents aller-retours entre Paris et l’Espagne.

Né Pablo Diego José Francisco de Paule Crispiniano  de la Santissima Juan Nepomuceno Crispin Trinidad Ruiz il signera son travail Picasso, du nom de sa mère...

 

Au 130 ter boulevard de Clichy

Il choisit de s’installer dans le quartier de Montmartre et le XVIIIe arrondissement. Certains lieux qu’il a fréquentés ou habités sont encore là et n’ont pas tant changé.

Picasso loge quelque temps dans un petit hôtel de la rue Ganneron, puis emménage au 130 ter boulevard de Clichy, sur la place de Clichy juste en face de l’Hippodrome qui n’est pas encore le Gaumont-Palace. Il vit dans un immeuble bourgeois chez son ami Pedro Mañach, riche industriel catalan et marchand d’art qui deviendra son mécène, lui versant une rente mensuelle de 150 francs, s’assurant l’exclusivité de son œuvre.

© 2012 Estate of Pablo Picasso/Artists Rights Society (ARS), New York

Dans son bel appartement, Mañach met à sa disposition une pièce où Picasso pourra travailler. Il l’introduit auprès de Berthe Weil, première femme galeriste parisienne au 25 rue Victor Massé qui organisera la première exposition dédiée à Picasso en 1902. Le poète et critique Max Jacob devient un de ses plus fidèles amis. Picasso rencontre aussi Ambroise Vollard qui vient d’ouvrir une galerie de tableaux rue Laffite et qui sera celui qui a vraiment fait connaître Picasso.

Montmartre est encore un village, où se retrouve la bohème artistique qui fera sa réputation. L e jeune Pablo se met au travail. Mañach est fiché par la police comme anarchiste. Du coup, Picasso est aussi surveillé, ce qui lui vaudra sans doute d’être inquiété lors du vol de La Joconde, alors qu’en 1911 il est déjà bien installé.

©  "L'Enterrement de Casagemas" ( 1901) - Coll-Peter Willi/SUPERSTOCK/SIPA

 

Les funérailles de Casagemas

Son ami Casagemas tombe amoureux de Germaine Gargallo modèle et libertine. Elle lui tourne le dos un soir fatal au Café de l’Hippodrome, 128 boulevard de Clichy. Pris de boisson, Casagemas lui tire dessus sans l’atteindre. Il retourne l’arme contre lui et se donne la mort. Pour Picasso, c’est un véritable drame. Anéanti, il se réfugie à Barcelone. A son retour, il peint Casagemas sur son lit de mort, la tempe noircie par l’impact de la balle, un tableau (exposé au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris) aux accents d’un de ses compatriotes, Le Gréco, dont la couleur dominante est le bleu, la couleur de la nuit et de la mort. Ce sera le début de sa Période Bleue. Picasso ne montrera ce tableau qu’en 1965…

Pablo Picasso loge maintenant aux Abbesses 49 rue Gabrielle, juste au-dessus du Bateau-Lavoir chez un ami espagnol, Isidre Nonell. Pour le déjeuner, il a ses habitudes Chez Vernin, un restaurant situé au 8 rue Cavalotti où le repas ne coûte que 90 centimes, ou au café Aux enfants de la Butte rue Ravignan.

Picasso se lève tard et travaille toute la journée. Mais, le soir venu, il s’encanaille dans divers cabarets montmartrois comme le ZUT, rue Ravignan où il peindra sur un mur une Tentation de Saint-Antoine.

Il fréquente également Le Chat Noir, boulevard de Clichy, et le Moulin-Rouge ou encore le café du Grand Hôtel, 79 rue des Martyrs, ou le café Le Téléphone, 68 rue Lepic. Il s’achète un jour une chemise rouge à pois blanc chez un marchand du square Saint-Pierre. Prix de la chemise : 1,95 franc, autant qu’un repas au Lapin Agile, chez son ami Frédé.

 

Un habitué du Cirque Médrano, bd Rochechouart

Son marchand de couleurs est Schwartz-Morin qui tient boutique dans la même rue Lepic. Il déjeune parfois chez Boussarat, rue du Mont-Cenis ou au consulat d’Auvergne, 18 bis rue Norvins.

Picasso devient un habitué de Médrano, le cirque du Boulevard de Rochechouart. Comme Degas, Toulouse-Lautrec ou Renoir, il est fasciné par les clowns et autres funambules qu’il dessine sans relâche et qui l’inspireront pour plusieurs tableaux. Le beau bâtiment qui abrite le cirque sera démoli en 1972, tout comme le Gaumont-Palace, place de Clichy. Et, là aussi, pour faire quoi… Il va au cinéma Artistic, rue de Douai, qui projette les premiers films de Méliès.

Picasso retourne souvent en Espagne revoir sa famille à Madrid et à Barcelone. C’est lors de son troisième voyage à Paris, au printemps de 1904, qu’il s’installe au Bateau-Lavoir, un immeuble au confort sommaire situé en haut de la rue Ravignan, place Emile-Goudeau qui abrite quantité d’ateliers d’artistes. Construit en 1892, le Bateau-Lavoir est le centre du monde artistique. Les voisins de Picasso se nomment Georges Braque, André Derain, Maurice de Vlaminck, Amedeo Modigliani, Kees van Dongen, Marie Laurencin. Le bâtiment abrite aussi les poètes Max Jacob, Guillaume Apollinaire, Alfred Jarry, André Salmon. Tous deviendront ses amis au fil des ans.

© Roger Violet

 

Une période rose comme le bonheur !

Un soir d’orage, Picasso est sur le pas de la porte et regarde la pluie tomber sur les pavés. Une femme court pour se mettre à l’abri au Bateau-Lavoir : c’est Fernande Olivier, un modèle pour peintre et familière du lieu. Ils échangent quelques mots, font connaissance, décident de se revoir et tombent amoureux… La Belle Fernande, comme l’appellent les peintres, deviendra sa muse et sa compagne durant sept ans. Heureux désormais, Picasso voit la vie en rose et sa peinture change de couleur. C’est le début de la Période Rose. Fernande Olivier raconte dans ses mémoires avoir assisté à la création des Demoiselles d’Avignon dans l’atelier du Bateau Lavoir.

Picasso commence à vivre de sa peinture. On défile dans son atelier pour lui acheter des toiles, la vie est plus douce. Mais les années passant, une certaine routine s’installe et il se détache de Fernande Olivier. Sa période montmartroise vit ses derniers mois.

Lors d’un dîner chez le peintre Marcoussis – était-ce à la Villa des Arts rue Hégésippe-Moreau ? –  il rencontre Eva Gouel. Le coup de foudre est immédiat et réciproque. Picasso quitte Fernande. Après des vacances dans le Sud, à Céret, Picasso et Eva décident de vivre ensemble et c’est elle qui choisit leur nouveau nid à Montparnasse… Adieu la bohème, adieu Montmartre.

Picasso a donc vécu à Montmartre de 1904 à 1911. Avec ses complices Braque et Derain, sans oublier Apollinaire et Paul Guillaume, il a créé une œuvre immense. Il est aussi à l’origine du mouvement de déconstruction nommé le Cubisme. Ses toiles sont aujourd’hui dans les plus grands musées et les plus grandes collections du monde. La plupart des œuvres de cette époque ont été réalisées dans le XVIIIe arrondissement.

Michel Giniès.

 

Remerciements au Musée Picasso-Paris

Références : Picasso et ses amis, par Fernande Olivier, Musée de Montmartre,
Picasso : portraits et souvenirs, par Jaime Sabartès, Musée Picasso.
Site Paris la douce.

 

 

Date de publication : 
10 janvier 2023