Après sept ans de tergiversations, cinq ministres de la Culture différents et plus de 4,5 millions d’euros dépensés en études, le rideau est tombé sur le projet de Cité du Théâtre lancé en 2016 sur le site des Ateliers-Berthier.
« Il faut relancer le projet de Cité du Théâtre », affirmait Brigitte Kuster dans les colonnes du précédent numéro de notre journal. Auteur d’un rapport parlementaire sur le sujet et infatigable promoteur de ce beau projet, elle n’a cessé de se battre pour que cette idée lancée en octobre 2016 par le président François Hollande voie le jour. Elle qui a suivi, en tant que maire du XVIIe toute la transformation du quartier de la porte de Clichy y voyait un point d’orgue pour ce quartier qui abrite aujourd’hui le Tribunal de Paris, la Maison des Avocats, le 36 Bastion et qui, avec l’achèvement du dernier immeuble, a pris son aspect définitif.
Un énorme dépassement de budget
Répondant le 2 mai dernier à une question écrite de Caroline Yadan, députée de notre secteur, la ministre de la Culture Rima El Malak ne cachait pas que la première difficulté était d’ordre financier, soulignant « un énorme dépassement par rapport à la trajectoire initialement arbitrée ». Elle concluait : « J’espère que, dans les prochaines semaines, nous arriverons à clarifier l’enveloppe budgétaire qui sera nécessaire pour, à la fois tenir l’ambition du projet et l’ajuster dans une ambition bâtimentaire architecturale qui tienne les coûts et le calendrier. »
Cet automne, la sanction est tombée : le projet est abandonné ! Par cette annonce, le gouvernement affichait sa décision de ne pas débloquer le budget nécessaire. Il faut dire que l’enveloppe de 150 millions affectée au projet à l’origine devait être au moins multipliée par deux et que les exigences financières de la mairie de Paris, qui a porté le prix du terrain qu’elle doit vendre à l’Etat de 2 à 15 millions d’euros, n’ont pas été à même d’emporter l’adhésion. La valse des ministres de la Culture – pas moins de cinq locataires se sont succédé rue de Valois – n’a pas bénéficié au suivi de ce projet ambitieux qui réunissait plusieurs institutions : la Comédie française, le Théâtre national de l’Odéon, le Centre national d’Art dramatique et l’Opéra de Paris.
Quel avenir pour ces locaux qui, selon le maire du XVIIe, ont vu leur entretien suspendu depuis l’annonce du projet et dont l’état de vétusté devient problématique ? Les bâtiments conçus par Charles Garnier pour entreposer et construire les décors de l’Opéra de Paris – cette option répondait à un souci de sécurité incendie – datent de 1895 et sont aujourd’hui classés.
Il semble que les activités présentes aujourd’hui sont pérennisées et que la réflexion s’oriente vers un projet culturel, forcément moins ambitieux en termes financiers, qui bénéficierait au rayonnement de ce quartier.