Les folies du Théâtre Moncey

Message d'erreur

Deprecated function : Optional parameter $path declared before required parameter $langcode is implicitly treated as a required parameter dans include_once() (ligne 1439 dans /var/www/vhosts/declic1718.org/httpdocs/includes/bootstrap.inc).
Le théâtre Moncey et la rue Pierre Ginier

On se souvient de  la comédienne Françoise Rosay dans La kermesse héroïque (1931) ou Le Grand jeu de Jacques Feyder son mari (1934), ou dans  Drôle de drame, de Marcel Carné (1937) ou encore en   Le cave se rebiffe (1961) où Gabin négocie auprès de « sa bonne Pauline » quelques rames de papier prêt à imprimer du florin néerlandais.

On sait moins qu’en 1911, Françoise Rosay, tout juste 20 ans, jouait sur la scène du théâtre Moncey 50 avenue de Clichy.

Dans La traversée d’une vie, livre de souvenirs publié en 1974, Françoise Rosay, qui avait débuté aux Fantaisies parisiennes rue Fontaine puis à la Comédie mondaine à deux pas de la place Blanche, évoque le théâtre Moncey « où  l’on représentait les grands drames et les mélos : Les deux orphelines, Le Bossu, La porteuse de pain. Le théâtre était très vaste, il fallait de la voix, de l’articulation et une grande conviction. Notre vaste théâtre Moncey exigeait de grands décors, de la figuration, de beaux costumes et de nombreux accessoires, et tout cela coûtait fort cher. A un moment très dramatique des Deux orphelines, je devais sortir de scène encadrée par deux gendarmes. Eh bien, les deux gendarmes furent remplacés par quatre petits télégraphistes, moins onéreux, mais qui m’arrivaient à peine à la poitrine. Le public pleura quand même et applaudit avec application. »
Est-ce pour cela qu’elle passa au théâtre Montmartre, établi dans le « village d’Orsel » depuis 1822 ? « On y jouait aussi des mélos et le public qui prenait les choses très au sérieux nous attendait à la sortie des artistes pour passer à tabac le troisième couteau ou la méchante maîtresse ». Ce n’est qu’en 1921 que Charles Dullin reprendra le théâtre Montmartre où il avait débuté en 1907 pour en faire le théâtre de l’Atelier.

 

Les avatars d’un théâtre aux Batignolles 1870-1948

Car il y eut pendant des décennies un théâtre au 52 avenue de Clichy (en fait sur une vaste parcelle jouxtant le 50 avenue de Clichy, impasse des Moulins devenue impasse Hélène puis rue Pierre Ginier en 1891).

Selon certaines sources, peu après 1870 existait là un bal-concert Le Chalet. Mais on confond peut-être avec le Grand Bouillon, restaurant Le Chalet installé juste en face au 43 avenue de Clichy. Point d’histoire !

Ce qui est certain, c’est que c’est d’abord une salle, le café-concert du Prado qui à partir des années 1880 accueille des spectacles variés : « opérettes, comédies, excentricités, acrobates, vaudevilles, intermèdes ; tous les samedi spectacle nouveau », tous les soirs à 8 heures, dimanches et fêtes matinées à 2 heures, avec « un grand jardin » où, si on en croit une affiche, d’un arc de rochers jaillit un jet d’eau… Les affiches très colorées des spectacles conservées au musée Carnavalet n’indiquent pas la date des représentations. Citons Le cirque Ponger’s, « pochade insensée » de Paul Meyan et Monréal – auteur de la chanson Frou-Frou – qui sera montée aussi à Bruxelles et pour la saison d’hiver (quel hiver ?) Mademoiselle Dubrée dans Une noce à Pékin (après Commandant et capitaine, Seize ans aux prunes ou La vieille fille). La ritournelle commence ainsi :
« Par un beau soir de printemps
Un mandarin de la Chine
Ramenait sa mandarine… »
Paul Verlaine, la quarantaine, a alors quitté les Batignolles depuis une quinzaine d’années… On peut le regretter.

En 1886, on présente comme un grand succès Les scandales aux Batignolles, revue en deux tableaux,  toujours de Paul Meyan, alors secrétaire général des Folies Bergères. En 1890 le café-concert le Prado devient brièvement le théâtre d’opérette l’Alhambra, le temps quand même de monter la revue  A nous la dernière, de Grison et Pajol. Une affiche montre une grande salle aux balcons garnis de spectateurs. Sur la scène, décor de tour Eiffel, femmes en chauves-souris, homme en Buffalo-Bill.

En 1891, il est rebaptisé théâtre Moncey « entièrement restauré ». En 1893, L’automne, une pièce en 3 actes de Paul Adam est interdite après la première. Dupuy, ministre de l’intérieur, invite Adam « à retrancher tout ce qui concerne la grève ou à renoncer ». Il s’agit de la grève de La Ricamarie où 14 mineurs sont tués en 1869. Adam avait publié en 1892 un Eloge de Ravachol… l’anarchiste qu’on venait de guillotiner.

 

Une cantatrice occasionnelle éreintée par les critiques

Pendant un an, en 1894, le Moncey devient l’Athénée comique, marqué par un projet ambitieux : monter pour deux représentations Alceste, de Gluck, qui n’avait pas été présentée à Paris depuis 1862, alors avec Pauline Viardot.

Pour lui succéder, Pauline Savari, personnage intrigant : journaliste, romancière, féministe, auteur, comédienne et maintenant cantatrice qui veut mener à bien ce projet préparé de longue main. L’orchestre est dirigé par Eugène Damaré du concert Lamoureux. Les décors proviennent d’une Phèdre montée à l’Odéon.

Las, il y a comme une cabale contre Pauline Savari qui, féministe, a osé l’année précédente présenter sa candidature à l’Académie française au fauteuil d’Ernest Renan. Quatre-vingt sept ans avant l’élection de Marguerite Yourcenar, on imagine la réaction de la presse. Le « Journal » écrit : « Personne n’ignore que Mme Savari devait se révéler cantatrice devant la presse assemblée. Depuis trois mois, on le sait, elle s’occupait avec une grande énergie de monter honorablement Alceste et, dans sa pensée, cette représentation devait être la consécration de ses quatre années d’assidues études musicales… ».

L’avant-veille de la première, Le Figaro, du 13 mars plus fielleux encore : « Les critiques parisiens avaient été invités à assister hier à la répétition générale d’Alceste de Gluck, dont une représentation doit être donnée après demain au théâtre Moncey, avenue de Clichy. Quelques-uns de nos confrères s’étaient rendus à l’appel de Mme Pauline Savari, organisatrice de ce spectacle. Ils eurent à le regretter. Rarement en effet tentative – louable en soi – aboutit à un plus déplorable résultat. Mme Pauline Savari, qui s’est adjugé le rôle principal, n’a aucune sorte de voix, aucune capacité d’exécution, aucun sentiment de la musique de Gluck. Les autres chanteurs sont à l’avenant. Quant à l’orchestre, cette répétition générale était sa première lecture. On l’a bien vu. Dès les premières scènes, l’insuffisance de l’interprétation était si évidente, le désarroi de cette représentation était tel qu’il a été impossible de la prendre au sérieux. La plupart de nos confrères se sont retirés après le premier acte, se promettant bien de ne pas revenir jeudi. Si la représentation d’Alceste a lieu dans de pareilles conditions, nous croyons qu’on fera bien de la passer sous silence. Le respect qu’imposent le génie et la gloire de Gluck interdit à la presse de prêter les mains à des actes qui, sous prétexte de manifestations artistiques, ne sont que des entreprises ridicules. »

Bouleversée, Pauline Savari avale du laudanum avant la première et unique représentation qui est reportée de quelques jours.

Que penser de cet épisode ? Peut on assimiler Pauline Savari à Florence Foster Jenkins, cette riche américaine qui, dans les années 1920, bravant le ridicule, crut pouvoir devenir une diva et ne fut que « la soprano dingo qui chantait faux » ?

Le parcours de Pauline Savari, jusqu’à sa mort en 1907 - fondation de syndicats professionnels de femmes, demande de protection des travailleurs exposés aux produits toxiques, défense de la mère et de l’enfant - nous conduit plutôt à voir en elle la victime d’une  presse s’acharnant en 1894  sur la féministe. Mais on est un peu loin de la saga du théâtre Moncey… 

Cette salle de café concert est rebaptisée en 1891 théâtre Moncey « entièrement restauré », puis devient en 1899 le théâtre Maguera du nom de la comédienne Magda Maguera qui interprète La reine de Tyr, drame en vers en quatre actes du jeune Jacques Richepin, un réel succès, dit-on, dans cette salle qui, après travaux, peut accueillir 1400 spectateurs (comparons avec les 314 fauteuils de la grande salle du Cinéma des Cinéastes, inauguré en 1996). 

Pourtant « le théâtre Maguera eut une existence éphémère… ». C’est le jugement prêté dans Fantasy fin-de-siècle in Paris à Oscar Wilde Wilde, mort à Paris en 1900.

 

La brève expérience d’un Théâtre populaire

En 1903, la salle reprend le nom de théâtre Moncey, dirigé par l’acteur Henri Beaulieu. Ancien pensionnaire du grand Antoine et de Firmin Gémier, il expérimente aux Batignolles un Théâtre du peuple. Le prix des places va de 0,50 à 2 F quand, sur les grandes scènes, il varie de 1 à 15 F. Les bénéfices sont répartis entre les artistes. Au foyer, exposition permanente de tableaux, photographies, moulages… Les acteurs sont des transfuges du Théâtre libre d’Antoine. On inaugure avec une adaptation de Thérèse Raquin, hommage à Zola mort un an plus tôt. Au programme, Octave Mirbeau, Tolstoï, Anatole France, et aussi Courteline. Des tournées sont prévues dans « les centres socialistes et ouvriers de la province ou des pays voisins ».

Dès 1899 s’étaient ouverts faubourg Saint-Antoine le théâtre du Peuple et de la coopération des idées et en 1903 rue de Belleville un Théâtre populaire qui ont connu un succès durable.  

Mais, écrit Romain Rolland qui avait fait jouer son Danton avenue de Clichy « le succès ne répondit pas à la valeur de l’effort, en partie parce que le quartier des Batignolles était une petite ville de province, d’esprit petit bourgeois et méfiant à l’égard de tout ce qui était étranger au quartier. Les bourgeois ne voulaient venir à un théâtre du Peuple qu’à condition qu’il y eussent des places réservées ».

L’expérience ne dure qu’un an et théâtre change de mains. On retrouvera Henri Beaulieu sur les scènes parisiennes (Comédie des Champs Elysées) et dans les films d’Abel Gance, Henri Decoin, Max Ophüls, jusqu’en 1951.

Ce bref épisode ne marque pas durablement le théâtre Moncey. Les directeurs se succèdent.  Certains font une belle carrière.

 Magda Maguera qui, en 1889, avait brièvement donné son nom au Moncey dirige le théâtre de la Renaissance de 1913 à1928. Cette salle prestigieuse, reconstruite en 1872, avait été dirigée par Sarah Bernhardt de 1893 à 1899, Firmin Gémier en 1901, Lucien Guitry en 1902.

Félix Soulier qui avait succédé à Henri Beaulieu reprend en 1907 le théâtre Montmartre rénové où il monte La dame aux camélias avec Sarah Bernhardt. La presse commente : « salle comble, public ébloui ».

 

Un théâtre de la périphérie

Les spectacles créés dans les salles des beaux quartiers « tournaient » ensuite dans les théâtres de la périphérie, en seconde exclusivité : aux Batignolles, à Belleville, à Montrouge, aux Gobelins, dans ces quartiers qui, rattachés à Paris en 1860, ont gardé leur esprit populaire. On y monte aussi, à l’occasion, des spectacles prestigieux.

Ainsi, pour les fêtes de fin d’année 1923, le théâtre Moncey annonce sept représentations de Là haut, opérette-bouffe en trois actes d’Yves Mirande et Albert Willemetz, avec le célèbre Maurice Chevalier et Dranem qui, dit-on, l’éclipsait. Ce spectacle avait été créé six mois plus tôt aux Bouffes-Parisiens, avant de tourner au Palais-Royal (encore Paris-centre) mais aussi aux Bouffes du Nord à La Chapelle. Ce même spectacle reviendra à Moncey en 1925 pour six représentations et en 1928 pour sept représentations. Entre temps, il aura tourné  au Bataclan, à Montrouge, aux Gobelins, aux Ternes.

Au théâtre Moncey comme ailleurs, un spectacle chasse l’autre.

Du 22 au 28 mai 1931, le directeur Charles Malinconi accueille une opérette Louis XIV, livret de Serge Veber, musique de Van Parys. On notera que la pièce ne tient l’affiche au Moncey qu’une semaine, après 151 représentations à la Scala boulevard de Strasbourg. En vedette, encore Dranem. A la Scala, on pouvait applaudir Pauline Carton qui ne semble pas s’être aventurée jusqu’aux Batignolles.

Dans ce Louis XIV, rien de très Grand siècle mais la folle histoire d’un vendeur en magasin qui va faire du cinéma… trois actes et cinq tableaux : chez Félix Potin boulevard Malesherbes, les coulisses d’un studio, on tourne !, A Versailles (nous y voilà !) et Une soirée chez Diamond Black ( ?).

Le programme imprimé avec les photos des vedettes – un bonheur avec les publicités des beaux commerces de l’avenue de Clichy – annonce déjà « la semaine prochaine, Il est … le chef de gare », avec Fernand René qu’on verra sur scène et à l’écran jusqu’en 1954 notamment dans les films de Sacha Guitry. On appréciera dans le titre les élégants (…).

Suivent, sans doute la semaine d’après, Les martyrs de la traite des blanches, avec le comique Gernel.

 

Des spectacles prestigieux

Nous avons cité ici des spectacles dont l’évocation peut faire sourire. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le théâtre Moncey accueille aussi des spectacles ambitieux. En 1908, on joue Monte Cristo adapté d’Alexandre Dumas, Faust en 1913, Marie Tudor, de Victor Hugo, en 1928.

En 1921, la compagnie de Georges Pitoëff alors installée à Genève avant de rejoindre la Comédie des Champs Elysées avec Jacques Hébertot, joue au théâtre Moncey comme au  prestigieux Vieux Colombier. Dans la troupe, Antonin Artaud, Marcel Herrand, Michel Simon : il ne semble pas qu‘ils aient joué au Moncey.

Le quotidien Comoedia, entièrement dédié aux arts et au spectacle annonce le 24 février 1921, à l’invitation de Rodolphe Darzens directeur du théâtre Moncey « la première vendredi à 8h30 d’une véritable saison russe dans ce quartier si populeux dont le voisinage du théâtre des Arts et de la Maison de l’œuvre tend à faire le centre du mouvement littéraire et dramatique de Paris ».

On précisera que Rodolphe Darzens né à Moscou en 1865 était en 1921 directeur du théâtre des Arts boulevard des Batignolles (la compagnie Pitoëff y jouera d’octobre 1924 à juillet 1927) et  aussi du théâtre Moncey. Ce poète symboliste, boxeur et duelliste, avait introduit en France le théâtre de Strindberg et publié la première biographie de Rimbaud.

La Maison de l’œuvre, c’est le théâtre de l’Œuvre qui s’installe en 1893 cité Monthiers dans le haut de la rue de Clichy. Fondé par Lugné-Poe et le peintre Vuillard, il introduit en France le théâtre d’Ibsen et Strindberg. Moscou, Strindberg, affinités dramatiques…

Et c’est encore Comoedia qui le 27 février 1921 rend compte de la création de La puissance des ténèbres au théâtre Moncey, quatre actes de Léon Tolstoï dans une traduction nouvelle Georges et Ludmilla Pitoëff, « interprétés selon la tradition russe avec une succession de tableaux d’un coloris et d’un dessin qui rappellent l’imagerie populaire (…) La salle du grand théâtre Moncey se prête à ce spectacle slave et désolé. Il est fort souhaitable que ce fort spectacle ait au théâtre Moncey le succès dont il est digne ».

Et c’est très vraisemblablement au théâtre Moncey que Pitoëff, outre Oncle Vania de Tchekov et Les bas fonds de Gorki, montera Celui qui reçoit des gifles de Léonid Andreiev, décors et costumes de Jean Lurçat.

 

Des débuts du cinématographe au ciné permanent

C’est le commencement de la fin pour cette salle qui voit quand même passer des personnalités prodigieuses dont Vilar, Koestler et Gide en personne… La salle, qui accueille les spectacles les plus variés, ne peut rester à l’écart  de cette nouveauté mirifique : le cinématographe. La première projection avait eu lieu en décembre 1895 au Grand café de l’hôtel Scribe boulevard des Capucines. Dès l’été 1898, en lever de rideau de Bébé, comédie-bouffe en trois actes de Najac et Hennequin, le théâtre Moncey présente 20 courts métrages de cinéma « la représentation extraordinaire de la plus grande nouveauté du jour ». Parmi les œuvrettes projetées alors, certaines avaient marqué la toute-première en 1895, comme L’arroseur arrosé ou L’entrée du train. On peut voir aussi, rapprochement osé : Sortie de Notre Dames des Victoires et Bain de la parisienne (peut-être réalisé par Georges Méliés). A Moncey comme dans bien d’autres théâtres, par sens de l’économie et désir de modernité, de petits films sont projetés en lieu et place des courtes pièces de lever de rideau.

Fréquemment, pendant la relâche estivale, des théâtres sont transformés en lieu cinématographique ce qui permet de rentabiliser la salle. C’est le cas du Moncey dès 1907 qui, comme le théâtre du Gymnase utilise un procédé de sonorisation Gaumont, le chronophone.

Si on continue pourtant au Moncey à monter des spectacles, et quels spectacles, nous l’avons vu avec les Pitoëff, le cinéma semble occuper une place toujours plus importante. On trouve peu de documents à ce sujet : les archives ont davantage gardé les affiches de théâtre et les compte-rendus des critiques dramatiques que les programmes de cinéma, plus éphémères. Il semble pourtant qu’après 1933 et une nouvelle transformation, le cinéma a occupé l’essentiel du calendrier du Moncey, dénommé alors cinéma Moncey, Moncey Music-hall, le Forum… Variations de l’enseigne, incertitude du devenir !

Entre deux films, le Moncey accueille music-hall, opérette ou théâtre : en 1932 Maurice Chevalier et les Dolly Sisters ; en 1941 André Claveau tour de chant, après l’Européen, Bobino, l’ABC, et l’Alhambra, la version scénique de son émission sur Radio-Paris Cette heure est à vous ; en mars 1944 Clochemerle, opérette adaptée par Raymond Souplex, du roman de Gabriel Chevalier, musique de Fernand Warms, lmmortel créateur de T’as le bonjour de tata Caroline, avec 35 artistes, présentée dans un Paris encore occupé comme « la pièce qui ose ».

 

Fin de partie pour Le Moncey qui ferme définitivement en 1948

Citons deux spectacles témoignant de la grande diversité du répertoire : en 1946, Le bar du crépuscule, d’Arthur Koestler, bouffonnerie mélancolique par la Compagnie des 7, de Jean Vilar pour 16 représentations. « Le 1er octobre 1946, dans une salle qui n’était pas chauffée, devant un parterre frigorifié de personnalités parisiennes, les jeunes Rosy Varte, Jean-René Caussimon et Jean Négroni interprétaient avec Jean Vilar les rôles principaux. André Gide avait fait le déplacement. C’est caché dans l’ombre d’une loge, un chapeau rabattu sur les yeux, qu’Arthur Koestler a assisté au théâtre Moncey à la première représentation de sa pièce. » C’est en juillet 1947 que Vilar prendra la direction du Festival d’ Avignon.

Toujours en 1946, Mam’zelle Printemps, opérette d’Henri Betti (pianiste de Maurice Chevalier). Lili Fayolle crée le fameux (?) Régiment des mandolines.

La salle sera  démolie en 1954. Pendant des années, un parking sauvage occupe les lieux laissés vacants. On devine encore un rideau de scène, peint sur le mur du fond de la parcelle. Dans les années 1980, la ville de Paris construit un immeuble social en retrait de la rue. Agrémentée aujourd’hui par de grandes jardinières en devenir aux couleurs du Paris Olympique.

Philippe Limousin

Date de publication : 
3 avril 2018